Je suis le Florentin, certains disent vilain,
Qui tranche au fil de l’air, et dont la mine austère
Surprend le plus malin. Je suis ce Florentin,
Portant l’étoffe amère, je n’ai ni père ni mère.
Au-devant de la scène, je pointe un doigt sans haine,
Car le bien et le mal sont des revers de l’âme,
Qui m’attirent, féal, le pourfendeur de lames,
Rendant l’amitié vaine, et froide l’essence de peine.
C’est dans l’effet de manche, que je séduis ma cour,
Les replis de ma robe, soyeuse dans ses reflets,
Sont mirages des plis, agités sous le dais.
Ma bouche forme sentence, Prince par mes atours,
Je cultive la puissance, et l’intrigue sous l’aile.
Maître sans ami, je suis le Machiavel.
Michel d’Ariane
2 février 2017
Nicolas MACHIAVEL (1469-1527)
Haut fonctionnaire de la République de Florence, il connut aussi la prison et l’exil.
Ecrivain, philosophe humaniste de la Renaissance, contemporain de Michel Ange (1475-1564) et de Léonard de Vinci (1452-1519), il œuvra notamment comme diplomate à Paris sous le règne de Louis XII, prédécesseur de François 1er. On le considère comme un des fondateurs de la science politique.
Observateur des Puissants, tels la famille Médicis… ou César Borgia, ce dernier lui servit, parmi d’autres, référence. Machiavel acheva le Prince en 1513 mais l’ouvrage ne fut publié qu’après sa mort, en 1532, sous le titre Il Principe ou De Principatibus.
Le Prince parut en France à Poitiers en 1553 et montre comment devenir prince …et le rester.., analysant des exemples de l’histoire antique et de l’histoire italienne de l’époque, sans donner de leçons de morale, mais…s’en éloignant parfois …, en faisant écho à la pratique politique d’alors ….et de toujours !
Cet ouvrage est au chevet de nombreux hommes politiques depuis 500 ans.
On qualifiait François Mitterrand de « Florentin » !
Le Prince n’a pas d’état d’âme ni d’ami ; il fait pourfendre ses ennemis. Seul compte la raison du pouvoir.
Ma poésie exprime la pensée de Machiavel. Il fait écho à une sculpture en pierre de M’Bigou , Gabon, et à une peinture de Côte d’Ivoire inspirée de cette œuvre.
L’accent mis sur le drapé du Florentin permet d’évoquer les circonvolutions des mœurs politiques, toujours d’actualité…en cette période d’élections, où….
… le Florentin,
… le dispute aux tribuns
… et autres Jacobins… !
Michel d’Ariane
Paris, 25 mars 2017
Extraits du Prince
« Il faut donc qu’un prince qui veut se maintenir apprenne à ne pas être toujours bon, et en user bien ou mal, selon la nécessité. »
« Un prince bien avisé ne doit point accomplir sa promesse lorsque cet accomplissement lui serait nuisible, et que les raisons qui l’ont déterminé à promettre n’existent plus. » Mais, pour ne pas laisser voir cette perfidie, il doit aussi « posséder parfaitement l’art et de simuler et de dissimuler ». Son hypocrisie doit le faire paraître « tout plein de douceur, de sincérité, d’humanité, d’honneur, et principalement de religion ».
« Pour éviter d’être haï, le prince ne doit pas attenter aux biens ni aux femmes de ses sujets ( !) Pour éviter d’être méprisé, il doit donner l’apparence « de la grandeur, du courage, de la gravité, de la fermeté »
« Il nous est ordonné de pardonner à nos ennemis,
Mais il n’est écrit nulle part que nous devons pardonner à nos amis ». (Cosme de Médicis)
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